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Poker-poème | avril 2023

Mise de 12 poèmes, bluff de relance à 20 manqué.




1


Aliçologue


Tu cherches des poèmes anciens

tapés sur claviers égyptiens

et tu dates l'or et la sève

comme tu frappes monnaie

en ton royaume, de hiéroglyphes

(grand anciens de l'hymnancisme)


en ton royaume de petits dessins

des enfants pharaons, des sommets

pour les papillons, les plumes, lapis


tout un panthéon d'accents enfouis

ressurgi des volcans, des poches

oubliée par l'érosion des dieux


c'est l'adsl sur papyrus, le dragon AOL

et le faucon Horus, que tu dates

en ton royaume de pierres

les ruines murmurent d'eau

s'infiltrent tout un peuple

d'écritures en crue

de prière tue


à croire toute la dynastie du Soleil


suivre le char, les esclaves, au désert

pour s'effondrer, dans ce temps de conquête

au triangle sur le front d'une momie

dont les rides poétisent mieux qu'un musée


aux grands défis donnés des millénaires



A Camaret-sur-Mer, le 14 avril an 2023




2


Conseil interstitiel


des lignes de casques

des lignes d'épaules

à protéger le silence

lui-même abasourdi


gagner encore un jour

de plus

les poings levés

devant l'assemblée

de gyrophares

à rêver d'une autre

histoire sans fin


la rue déplacée au goût

de menthe artifi-

-cielle- poivrée des petits

moulins sans foi la loi des

grandes brasseries du vide


on attend encore, un jour,

le poème signé IGPN

sur la violence

sur le silence

sur les menottes au lit du pote


de celleux qui ont vibré

chanté et résonné

ensemble mentholé.es

en et de force

en et de face


aux lignes de casques

aux lignes d'épaules

elles-mêmes abasourdies



3


Unan, daou, teir


On compte les mois

On comptera les années

comme la longueur de tes cheveux

que tu choisiras sans nous


On compte les vêtements

On comptera les saisons

comme les pointures de chaussures

au soin de ton âme à pied-nu


On compte les rendez-vous

On comptera tes bobos

comme tes cicatrices, qui diront

'ce n'est pas grave, tu l'as fait


On compte tes battements

On comptera tes premiers mots

comme un père un peu trop poète

comme un parent un peu trop comptable



4


Peder, pemp, c'hwec'h


Tu es

déjà la première

de ma maison

atlante de joie


l'édition m'était

une hospitalisation


je n'avais jamais pris

la feuille du bon côté


puisque déjà te

voilà tu es

chirurgienne de quoi

d'autre que nos cœurs


à trois, à vous deux, au mien


l'édition devient une déclaration

d'amour et tu es

la seule puissante poésie


la première, tu es ma fille

petite atlante

de joie



5


Seiz, eizh, nao


Ma manière choisie

de féminiser le monde

c'est de t'attendre

en t'aimant

c'est de t'attendre

en t'écrivant

c'est de t'attendre

avec maman


prends ton temps l'amzer est gris

les vents d'ouest nous lâchent

des îles entières d'heures

à écouter le remue-ménage

quand tu ranges ton antre


pas trop quand même

le monde est encore un peu moche

et lourd sans toi

il a besoin

de filles

de femmes

d'elles d'elles d'elles

sans doute plus que de poésie

(m'en déplaise)


c'est ma lutte de neuf mois

moins importante que celle de ta mère

mais c'est pour embellir

ton monde c'est pour arrondir

le temps à t'attendre

sur notre petite île d'heures


à attendre

que le jour et que la nuit

aient tes cris, tes sourires, tes yeux

et que les heures te respirent



6


Au front l'aurore


La pire invention des tueurs

est l'avion

voyeur de la Terre

nouvelle ride du ciel

et, pour ceux qui savent,

qui ont su avant la fin du pétrole,

ce que c'était que de trembler

tandis que les bombes tombaient

que les hélices hurlaient

que l'atmosphère se déchirait dans l'aigu

quand la terre devient un boyau

un tombeau et la télévision de soi

quand Dieu soudain se met à causer

avec la langue du plus-rien-à-dire

pour ne pas finir sans le sentir

du sable dans les veines

en spray écocide, fantôche esseulé

entre les oreilles, les avions passent

en boucle et bazardent tout

ce qu'ils peuvent au nom de qui

perdus entre les oreilles


disait-elle, disais-je, en secret

avec dans les yeux des nacres survivants

de temps dont on ne se souvient plus



7


Gauthier


Il avait les cheveux qui flottaient

le pain au chocolat,

il avait ces mains, qu’on désire,

de l'artisan qui aime,

à la danse comme sur le champ


il avait la grandeur et la candeur

de l'artiste qui rêve

avec des prières inachevées

proches des piliers,

ses refuges près des gravures


Il avait un soleil en cuirasse

et derrière, sa chair tatouée

de mes griffes, de mes dents,

de mes emportements saccadés


puis, il avait ses guerres,

ses choses à faire, avec ses véhicules,

loin de mon lit, loin de mon cœur,

pour mourir loin de mes fleurs.



8


Gauthier II


Gauthier, de toi j’ai aimé

ce peigne...ce peigne en ivoire

dans mes cheveux raides

dans mes racines drues

comme un intrus dans ma laideur

comme un sauvage sur mes remparts


ce peigne qui tisse dans mes veines

a le roulis du torrent de Dieu

il possède ta voix ton souffle, si mon corps

si frêle d’être affamé

tremble comme un nouveau printemps


un printemps de mille tempêtes raides

éclot encore dans mes déserts nus



9


Gauthier III


Il a plu au ciel du drap

la paille inondée me recueille

revenue du même pèlerinage

du même abandon latin

en retombée du fond

de l'univers fondu


ou est-ce tes bras qui nous soulèvent

ou bien les miens qui nous fusionnent

et poussent, jusqu'aux cuisses enlacées

jusqu'aux sources dévorantes

les étoiles en file indienne


tout a explosé sauf ton parfum


j'agrippe mes yeux aux fleurs séchées

tes omoplates, signées par mes doigts,

mordues, comme j'ai mordu le ciel,

à la pluie à la paille, échappent des secrets

pour suivre le fleuve apaisé de ta peau


quand chacun de tes muscles fait continent

où je passe, où j'explore, où j'installe

mes religions, autant que tes mèches,

mes empires, tes lèvres embourbées

de mots d'amour illuminés de cris


J'aurais pu mourir tôt avant toi

Tout explosait en moi, sauf ton parfum.



10


L'arène


Une poésie se résume à une pièce

un bureau, deux sièges, un lit

notre mur aux mille morsures

notre mur notre page notre coffre

que des milliers d'autres après nous

regardaient, pour la caresse, entremêlant

le vice et le pur, le mal dans la peau

les aveux, en gouttes déposées

sur le poil contre-nature, selon

l'époque de ces robes, de ces palais


Une pièce fait office d'infra-monde

et d'histoire d'éternels clandestins

aux ailes d'ange, jamais brisées,

aux yeux de songe qui se retrouvent

sous les lampes roses, sur le chant

des barricades. Le monde peut brûler

qu'il restera le mur des mille morsures


Te reverrai-je à la prochaine révolution

Tenor, baryton, violon, aimerons-nous

encore le drame du secret quand on porte

une seule pièce pour tout paradis ?



11


Xénolalie


A la sortie du coma

les prénoms font soupe

de voyelles en pâtes

Mange le signe t'es revenu

de la plage paralysée

du tsunami d'immobile

chaque grain du sablier

faisait sa tonne, et l'os

une soupe de lacets

défaits, délicieusement

arrêté sur le son blanc

qui perdure, encore

au fond de ces crânes

sourds, enfouis, sous

les stases avalanchées


ça portait l'icône du miracle

la rencontre d'autres arrêtés

mes petites horloges

délanguettées, comme moi

sur cette plage, ce tapis

mille ans ont passé vite

la joue collée au sol

le sable le ciel le son ensemble

ont amené ces âmes de référence

des vies si lointaines, si

endormies, que j'aurais pu

avec l'art de bien mourir

ne jamais repeindre l'alphabet



12


Glossolalie

(aux moldus rationnés)


Le babil des Anges

s'écrivait à la bougie

au sacrifice des bœufs

de sang et d'entrailles

l'huile des fleurs, épaisse

des prières à l'ancienne


les esprits dans l'Amour

ont le dialecte de lumière

la joie d'aller sans corps

puisqu'on rejoint l'Unité

Le grand delta du vivant

La vibration essentielle


Au risque de faire l'escroc

il est souvent plus agréable

d'écouter les anges parler

les morts réaliser la vérité

plutôt que d'avaler la morne

et longue avanie docte et sage

des sous-vivants sur vide



13


Echolalie


A force de prendre la page

comme une balançoire

ma tête s'est aussi balancée

astronaute du son à son


Trouble, retard, diagnostic

partagé, étudié, revendiqué

du peuple des lunes éteintes

ou des radieuses belles-ampoules


A vouloir parler aux baleines,

aux fenêtres, capter un bout de vent,

définir la syllabe de chaque arbre

à se balancer dans chaque ravin


Écoute, le monde s'écoute

se répète et revient nous voir

souvent comme on voit l'animal

comme on balance dans la vie


des rythmes insensés aux couleurs divines.







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